Corporate Finance Advisory and Consulting    © 2013 Hartland Capital - All rights reserved Terms and Conditions | Disclaimer Clement Julhia Analyste politique +44 (0)7 392 322 476 cljulhia@hartlandcapital.com Clement Julhia | Février 2018  Guerre Froide en Orient Avec les nombreux conflits entrecroisés qui agitent le Moyen-Orient, il est difficile de trouver un leitmotiv central à tout cela. Cependant à  mesure que les évènements progressent, la réalité des alliances objectives est plus visible chaque jour. Le royaume saoudien est de  moins en moins timide quant à son alliance avec Israel ; le rôle ostentatoire et efficace du Hezbollah au Liban et en Syrie met le  projecteur sur son rôle critique sur le terrain, et à travers cela l’influence de l’Iran au-delà de ses frontières ; les Etats-Unis ont  abandonné toute prétention d’être autre chose qu’un agent de la sauvegarde d’Israel et le gouvernement syrien n’est pas prêt d’oublier  qu’il doit sa survie aux ennemis de ce duo. A première vue, il serait facile cette guerre comme une guerre de religion entre sunnites et chiites. Même si ce n’est pas la cause de  base du conflit, cette optique ne doit pas être rejetée d’emblée.  Il y a en effet entre la présence d’un gouvernement ou d’une majorité chiite dans un pays et son affiliation au côté iranien. On peut aussi  mentionner la façon dont la répression de l’Etat Islamique en Irak s’est organisée sur des lignes confessionnelles. Néanmoins, de là à  établir la religion comme la cause principale du conflit nécessite d’ignorer trop d’élément. Premièrement, ce point de vue n’explique pas, par exemple, que la Turquie (majoritairement sunnite) est actuellement du côté iranien, et  encore moins pourquoi elle le fait après avoir suivi la politique inverse jusqu’à il y a peu. De même, pourquoi l’Iran soutient-il la  résistance du peuple palestinien, parmi lequel il y a à peine un seul chiite, ou à l’inverse pourquoi, si la religion leur est si importante,  l’Arabie Saoudite préfère combattre d’autres musulmans et de fraterniser avec Israel, qui n’est pas seulement non-islamique mais un  occupant d’un peuple musulman et d’une ville sainte musulmane (Jérusalem). En effet, la différence entre le sunnisme et le chiisme et est beaucoup moins théologique qu’historique, sur le nom du calife légitime au  VIIIème siècle. Aussi passionné qu’on puisse être au sujet de Dieu et de la vérité, on ne s’attendrait pas à ce que cette dispute archaïque  et finalement ésotérique menât à une véritable guerre aujourd’hui ; effectivement dans les pays où ces communautés existent comme en  Irak ou au Liban, il a eu beaucoup moins d’exemples qu’on pourrait croire de violence purement religieuse entre ces groupes : les  guerres civiles au Liban ont été menées avant tout entre chrétiens et musulmans, le gouvernement à Damas entre les mains d’un  président chiite est néanmoins soutenu par sa population majoritairement sunnite et à l’inverse les peuples chiites d’Irak et d’Iran n’ont  pas manqué de se battre pendant la guerre Iran-Irak de 1980 et même s’il est vrai que Saddam Hussein était sunnite, souvenons-nous  qu’il réservait sa violence la plus terrible aux sunnites kurdes. Alors, quelle est réellement la cause de cette résurgence de querelles médiévales ? La situation de la résistance irakienne contre l’EI et la façon dont elle a été divisée selon des lignes confessionnelles est peut-être un  indice. L’Irak, comme la Syrie, a été depuis plusieurs années le théâtre de l’affrontement d’intérêts régionaux plus généraux représentés  par de grandes puissances comme l’Iran ou l’Arabie Saoudite dans une lutte dont le but n’est pas tant de conquérir son ennemi mais de  l’isoler en s’assurant plus d’alliés que lui. N’importe qui qu’il est plus facile de nouer une alliance avec quelqu’un qui a des traditions et  des valeurs similaires ; il s’ensuit que quand l’Iran recherche le pouvoir sur une région, il préfèrerait le faire le faire à travers des groupes  ou des personnes chiites, alors que l’Arabie Saoudite plus facile de travailler avec des sunnites. En conséquence, ces pays soutiennent  en fonction des pions et des groupes satellites dans les pays divisés de la région ; cela crée à son tour chez ces groups qu’ils sont des  rivaux puisqu’ils sont soutenus par des puissances rivales ; ce renouveau de conflit sectaire signifie que chaque groupe se trouve de  plus en plus en danger de l’autre et cherche des liens plus proches avec son parrain étranger, et ainsi le cycle continue. Cela est très semblable à la réalité de la guerre froide. En apparence, c’était un affrontement de philosophies entre le communisme et  les marchés libres ; pourtant, sous la surface, cela avait beaucoup plus à voir avec la rivalité géopolitique entre la Russie et les Etats-  Unis. Parce que les groupes communistes à travers le monde voyaient la Russie comme un modèle, ils étaient les gens idéaux avec  lesquelles la Russie pouvait exercer son influence dans le monde (et de même pour les Etats-Unis et les partis libéraux) ; alors  naturellement chaque côté voulait réprimer ceux qui partageaient l’idéologie de l’autre. Mais quand un pays communiste comme la Chine ou la Yougoslavie, aussi décidément communiste était-il, était indépendant par rapport à Moscou, les Etats-Unis ne les voyaient pas  comme un véritable ennemi du tout. A l’inverse, était en confrontation avec l’Occident, le fait que le communisme ne faisait pas partie de  sa philosophie n’importait pas aux Russes qui le soutenaient. En fin de compte, l’ambition russe de résister a toute hégémonie trop puissante signifiait qu’elle se positionnait aussi efficacement que  possible contre le pouvoir de la puissance hégémonique, quelle qu’elle soit, en l’occurrence les Etats-Unis. C’est aussi pourquoi, au  passage, la situation actuelle entre les deux pays est frappante par sa similarité à celle de cette époque passée ; même si le régime a  changé, en fait, rien n’a changé.   Revenant à l’Orient, une guerre de domination sur le même modèle prendrait de toute façon un aspect religieux. D’abord, les  opportunités démographiques sont trop importantes pour être ignorées des Chiites : en regardant une carte du Moyen-Orient, vous ne  verrez que deux pays chiites, l’Iran et l’Irak. Cela amène la plupart des gens à voir les chiites comme une petite minorité. En fait, prenant  en compte que l’Iran et l’Irak ensemble sont bien plus peuplés que qu’Israël, la Palestine, la Jordanie, le Liban et la Syrie mis ensemble,  la population chiite au Moyen-Orient (hormis l’Egypte et la Turquie, qui sont plus en retrait) est une majorité évidente.  L’Arabie Saoudite, de son côté, ne pourrait pas vraiment rallier quelqu’un qui n’est pas lui-même un musulman fanatique à la cause de  son Islam obscurantiste, très violent est franchement sans âme. Mais comme dans toute poursuite du pouvoir, l’élément crucial de la stratégie sera toujours celui qui est actuellement au pouvoir. Or,  quelle est la plus grande puissance en Orient, celle qui est à l’Orient c que les Etats-Unis étaient au bloc de l’Est ? De fait, de toutes les  façons dont le pouvoir peut être mesuré, il s’agit clairement du duo israélo-américain. Israël n’est en fait jamais mentionné que quand il est impliqué nominalement dans les évènements courants, et est habituellement  maintenu à l’écart de l’analyse de la situation au Levant alentour.  Ceci est une erreur. En effet, même si le fossé « sunnite-chiite » ne doit pas être sous-estimé, le critère le plus systématique selon  lequel un groupe ou un Etat dans la région se trouve d’un « côté » ou d’un autre est simplement : est-il pro-israélien, ou ne l’est-il pas ?  Là nous avons clairement l‘Iran, la Syrie, le Hezbollah, la Turquie et, bien sûr, les Palestiniens d’un côté et Israël, les Etats-Unis, l’Arabie  Saoudite et l’Egypte de l’autre. Ce point critique est superposé sur un fossé plus mondial entre ceux qui sont pour ou contre l’expansion  américaine, d’où la position de la Russie du côté « antisioniste » avec l’Iran et la Syrie, alors qu’elle n’a ni enjeu, ni sensibilité, ni  influence sur la question palestinienne elle-même. C’est là que les péripéties deviennent plus significatifs. L’issue de la guerre civile en Syrie, même si elle n’est pas certaine, est, autant  qu’on puisse la prédire, telle que la Syrie sera maintenue fermement du côté « anti-Israël », surtout maintenant que son gouvernement  sait exactement qui l’a sauvé de l’insurrection de 2011 et le rôle joué par Israël, et l’Occident dans son ensemble, dans le soutient à  cette insurrection. Parmi ceux qui combattent du côté du gouvernement, et non des moindres, est le Hezbollah, l’une des rares forces  armées ayant démontré sa capacité à rivaliser avec Tsahal.  De surcroit, le fait que les Etats-Unis rendent leur position de soutien total à Israël plus explicite par sa politique envers Israël lui-même  et envers l’Iran , ainsi que l’inefficacité des protestions qui suivent ces politiques, peuvent à terme pousser les Palestiniens et ceux qui  les soutiennent à conclure que la guerre est l’unique recours. Cela donnerait une place centrale aux forces révisionnistes au Moyen-  Orient, c’est-à-dire ceux qui essaient de compenser la suprématie, du côté « antisioniste ». Ceci est le fossé dans la guerre froide en Orient. Les divisions confessionnelles dont des facteurs, mais je pense qu’elles devraient être entendues comme des conducteurs dans un conflit dont les racines les plus profondes sont dans le souhait de certain pays de résister à la subordination par les Etats-Unis et Israël – ou de les remplacer, ou la décision par d’autres de se protéger en cherchant refuge sous les ailes de la puissance hégémonique. Bienvenue Conseil M&A Risque Politique Equipe Contact